Les biais cognitifs dans les processus de recrutement

Le recrutement est une étape cruciale pour toute entreprise ou collectivité, déterminant les talents qui rejoindront l’organisation et contribueront à son succès. Cependant, il est également l’un des processus les plus vulnérables aux biais cognitifs, ces erreurs de jugement systématiques et inconscientes qui influencent nos décisions. Lorsqu’ils ne sont pas gérés, ces biais peuvent affecter la diversité et l’équité dans les processus de recrutement, limitant ainsi la performance globale de l’entreprise. Cet article explore les principaux biais cognitifs présents dans le recrutement, leurs impacts, et les solutions pour réduire leur influence.

Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?

Les biais cognitifs sont des distorsions dans la manière dont nous percevons et interprétons les informations, influençant nos prises de décision sans que nous en soyons toujours conscients. Ces biais, profondément ancrés dans nos processus mentaux, sont souvent le résultat de raccourcis cognitifs ou d’habitudes automatiques qui permettent de traiter l’information plus rapidement. Cependant, dans des processus aussi critiques que le recrutement, ces distorsions peuvent avoir des conséquences négatives sur la capacité à faire des choix objectifs et justes.

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Les principaux biais cognitifs dans le recrutement

a. Le biais de similarité (ou biais d’affinité)
Le biais de similarité se manifeste lorsque le recruteur est inconsciemment attiré par des candidats qui lui ressemblent, que ce soit en termes de parcours académique, d’expériences professionnelles, d’origine sociale, ou de traits de personnalité. Cela crée un sentiment de confort et de familiarité, conduisant à privilégier ces candidats au détriment de ceux qui sont perçus comme différents.
Impact sur la diversité : Ce biais limite la diversité au sein des équipes, car les recruteurs ont tendance à recruter des personnes similaires à eux-mêmes ou à celles déjà présentes dans l’entreprise, réduisant ainsi les perspectives variées et l’innovation.
b. Le biais de confirmation
Le biais de confirmation consiste à prêter davantage attention aux informations qui confirment nos croyances préexistantes tout en ignorant ou minimisant les informations qui les contredisent. Dans le recrutement, cela peut se traduire par une lecture biaisée des CV ou par la focalisation sur des détails qui confirment des préjugés sur un candidat.
Impact sur l’équité : Le biais de confirmation peut conduire à une évaluation inégale des candidats, car les recruteurs vont inconsciemment chercher à confirmer leurs impressions initiales, en ignorant d’autres compétences ou qualités importantes.
c. Le biais de halo
Le biais de halo se produit lorsqu’une caractéristique positive d’un candidat influence la perception globale de celui-ci. Par exemple, un candidat avec un diplôme prestigieux ou une expérience dans une entreprise de renom peut être perçu comme plus compétent dans d’autres domaines, même s’il manque de preuves concrètes pour ces compétences.
Impact sur la performance : Ce biais peut conduire à la surestimation des capacités d’un candidat et à la négligence d’autres candidats qui pourraient mieux correspondre au poste sur le plan des compétences et de l’expérience, mais qui n’ont pas les mêmes « signaux » positifs.
d. Le biais de stéréotype
Le biais de stéréotype se manifeste lorsqu’un recruteur attribue des caractéristiques à un candidat en fonction de son appartenance à un groupe particulier (sexe, âge, origine ethnique, etc.). Ces généralisations inconscientes influencent la perception des compétences ou de l’adéquation d’un candidat au poste.
Impact sur l’équité et la diversité : Le biais de stéréotype est l’un des plus destructeurs pour la diversité et l’inclusion, car il peut exclure systématiquement des candidats en raison de leur genre, origine ethnique, ou orientation sexuelle, renforçant les inégalités dans l’entreprise.
e. L’effet de récence
L’effet de récence survient lorsque le recruteur accorde plus d’importance aux informations les plus récentes qu’il a recueillies. Par exemple, un candidat rencontré en dernier lors d’une série d’entretiens peut être jugé plus favorablement simplement parce que sa prestation est plus fraîche dans l’esprit du recruteur.
Impact sur l’équité : Ce biais peut conduire à une évaluation injuste des candidats, les premiers candidats étant désavantagés par rapport à ceux qui passent en entretien en dernier.
f. L’effet de contraste
L’effet de contraste se produit lorsque la performance d’un candidat est jugée en comparaison directe avec celle des autres candidats précédemment rencontrés, et non en fonction de critères objectifs. Un candidat moyen peut paraître excellent si les précédents candidats étaient moins performants, et inversement.
Impact sur la performance : Ce biais peut fausser le jugement global, menant à la sélection de candidats qui ne sont pas nécessairement les meilleurs pour le poste.

Les conséquences des biais cognitifs sur l’entreprise

Les biais cognitifs peuvent avoir des effets profonds et durables sur la structure et la performance de l’entreprise :
Réduction de la diversité : Les biais cognitifs, tels que le biais de similarité ou le biais de stéréotype, limitent l’embauche de profils divers. Cela restreint la diversité de perspectives, d’idées et de talents, ce qui est crucial pour l’innovation et la créativité au sein des équipes.
Renforcement des inégalités : Les candidats issus de groupes sous-représentés (femmes, minorités ethniques, etc.) sont souvent désavantagés par des biais inconscients, ce qui perpétue des inégalités structurelles dans l’accès à l’emploi.
Baisse de la performance : Les biais, en particulier le biais de confirmation et le biais de halo, peuvent conduire à la sélection de candidats qui ne sont pas les plus compétents pour le poste. Sur le long terme, cela peut nuire à la performance et à la compétitivité de l’entreprise.

Comment réduire les biais cognitifs dans le recrutement ?

a. Mettre en place des critères d’évaluation clairs et objectifs
La mise en place de critères objectifs et quantifiables pour chaque poste permet de réduire la subjectivité dans l’évaluation des candidats. Ces critères doivent être définis en amont et appliqués de manière cohérente pour chaque candidat, afin de garantir une évaluation équitable.
Exemple : Au lieu de se baser sur des impressions globales, évaluer chaque candidat selon des compétences spécifiques liées au poste (compétences techniques, aptitudes relationnelles, etc.).
b. Utiliser des outils d’évaluation standardisés
Les tests psychométriques, les exercices de mise en situation ou les évaluations de compétences sont des outils standardisés qui permettent de comparer les candidats de manière plus objective. Ils éliminent en partie la subjectivité et permettent de se concentrer sur les compétences réelles des candidats.
c. Adopter le « blind recruitment » (recrutement anonyme)
Le recrutement anonyme consiste à retirer certaines informations personnelles (nom, âge, genre, origine ethnique, etc.) des CV et lettres de motivation. Cette approche permet de réduire l’impact des biais tels que le biais de stéréotype ou de similarité lors de la première phase de sélection.
d. Former les recruteurs à reconnaître leurs biais
La formation des recruteurs aux biais cognitifs est essentielle pour prendre conscience de leurs distorsions de jugement et les réduire. Sensibiliser les responsables des ressources humaines aux biais peut conduire à des décisions de recrutement plus équitables et inclusives.
e. Diversifier les panels d’entretien
La diversité des panels d’entretien est un moyen de réduire les biais individuels. En impliquant plusieurs personnes issues de différents horizons et avec des perspectives variées, les décisions sont moins susceptibles d’être influencées par un seul biais.

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